DES MÉTHODES POUR ACCOMPAGNER (Atelier)


AXE MÉTHODOLOGIE, PROSPECTIVE, RÉFLEXIVITÉ

Un éclairage des pratiques des usagers en termes de consommation énergétique dans un contexte technologique innovant par la mise en place d’un dispositif de co-conception : le cas du projet Ecofamilies.

Franck DEBOS  (Université-IUT Nice Sophia Antipolis/I3M)

L’objet de ce papier est de montrer comment une démarche de recherche centrée sur un processus de négociation itératif permet une plus grande adéquation d’un dispositif numérique et de la vision managériale de leurs concepteurs avec les attentes des usagers. Ces propos seront illustrés par la présentation du projet Ecofamilies qui a consisté à prototyper et tester, à travers une démarche de co-conception, une solution technologique innovante permettant d’encourager les comportements éco-responsables chez des familles en termes de dépenses énergétiques. Outre les ateliers de design participatifs qui sont au centre du dispositif celui-ci était renforcé par :
• Une enquête en ligne pour établir un profil détaillé des familles volontaires.
• Un blog créant un espace d’interaction entre les familles et l’équipe projet.
• Un film documentaire, mettant en perspective les différentes postures des familles d’expérimentation et permettant une continuité dans les échanges.
L’objectif principal de cette démarche de déterminer une typologie des familles d’expérimentation en fonction de leur implication éco responsable et leur sensibilité technophile mais également développer un dispositif sociotechnique associant une démarche de co-conception à des outils numériques.
Il s’agit pour les différents acteurs de s’engager dans un processus de renouvellement de leurs usages, d’apprendre de l’autre, de ses propres pratiques et de celles provenant de la solution technologique choisie.

MOTS CLÉS : dispositif Numérique, Co-conception, Eco responsabilité, Dépenses énergétiques, Usagers.


Réhabilitation logements sociaux en site occupé : démarche projet pour un résultat alliant satisfaction locataires et performance énergétique.

Victor DE CARVALHO (RCP design Global)
Cécile JOLAS (Université La Rochelle / plateforme TIPEE)

En collaboration avec l’Université de La Rochelle (Plateforme TIPEE), l’agence RCP design global, dans le cadre de son activité de concepteur, accompagne le projet RUPELLA-REHA dans une approche anthropocentrée, au service de l’exploitant et en collaboration avec un consortium d’industriels pour les réhabilitations de 3 bâtiments sociaux rochelais (1954 / 1966 / 1974) prenant en considération les habitants dans un objectif de performances énergétiques et de satisfaction pérenne.
Dans le cadre de ce projet collaboratif, l’agence a étudié la perception des locataires en termes de confort et d’attentes pour les futurs travaux afin de les retranscrire en préconisations de conception. L’intervention de l’agence a également pour mission d’expliquer les pistes de travail, d’accompagner les utilisateurs tout au long du projet, de sensibiliser aux solutions techniques envisagées et d’aider le consortium dans ses choix techniques et budgétaires. Cette étude participe à la satisfaction générale et à l’acceptation des travaux par les occupants.

MOTS CLÉS : perception, réhabilitation énergétique, occupant, préconisations, usage.


« BBC pour tous » : une démarche collaborative pour concevoir des bâtiments performants.

Marika FRENETTE (Bureau d’études Wigwam Conseil)
Delphine SAINT-QUENTIN (Bureau d’études Wigwam Conseil)

Consciente de la nécessité de tenir compte du facteur énergétique dans ses stratégies de développement social et environnemental, Rennes Métropole s’est engagée dès 2009 dans la démarche « BBC pour tous ». L’objectif est de viser la généralisation du standard Bâtiment Basse Consommation conciliant performance énergétique, maîtrise des coûts et qualité architecturale, sans oublier de concilier avec l’objectif de solidarité et de solvabilité des ménages.
La démarche engagée repose sur le constat que, plus que les solutions techniques, ce sont les méthodes de travail qui sont à réinterroger pour permettre la généralisation de ces techniques. Il s’agit de mettre en place de nouvelles méthodes de travail entre les acteurs de la construction, reposant sur le principe du « processus de conception intégré ».
L’approche qui prévaut aujourd’hui repose en effet sur une segmentation de la chaîne de la construction, qui conduit à un empilement des contraintes et des surcoûts. Au contraire, une intégration plus forte, sous la forme d’équipes constituées dès le lancement du projet (collectivité, aménageur, urbaniste, maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre, gestionnaires, entreprises (si possible), BET, bureau de contrôle et usagers) favorise la prise en compte en amont des problématiques énergétiques, ainsi que la maîtrise des coûts tout en visant la qualité.
Dans ce cadre Wigwam Conseil a mis en place la méthode de Processus de Conception Intégrée sur 9 projets menés en parallèle en pilotant et facilitant les ateliers de conception.
Ce projet a été lauréat du prix « Projet Innovant » Fimbacte 2010.

MOTS CLÉS : conception intégrée, atelier collaboratif, intelligence collective, performance énergétique, innovation.


Retour d’expérience sur l’accompagnement de l’usage de 5 bâtiments performants en Isère.

Ludovic GICQUEL (Société Vie to B)

Ce retour d’expérience s’inscrit dans le cadre du projet européen CABEE. La mission confiée à Vie to B était le co-pilotage de l’accompagnement des usagers de 5 bâtiments publics (école, administration, logements sociaux, maison médicale) dans le nord de l’Isère. L’objectif était d’en améliorer la performance énergétique. Après 2 jours de formation sur le changement et l’accompagnement, à destination des exploitants de ces bâtiments, l’accompagnement a eu lieu courant 2014, sous la forme d’environ 25 réunions et ateliers. Riche d’enseignements, cette expérience nous permet de dégager 6 axes de réflexion résumés ci-après.
Méthodologie et posture : critique sur la formation initiale ; pertinence du binôme d’accompagnant technique et social ; importance du cadre matériel et d’un mode de réunion dynamique, équilibré et bienveillant.
Double flux relationnel : avantages de la participation des parties prenantes autour de l’usage ; importance de créer un espace de parole bienveillant ; focus sur 2 ateliers.
Trouver le problème à résoudre : Impossibilité d’évaluer l’ampleur d’éventuels dysfonctionnements dans les consommations énergétiques ; l’occupant désigné à tort comme responsable des contre-performances : enjeux techniques, politiques, organisationnels et financiers.
Ce que l’accompagnement a permis : Effet miroir du diagnostic qui présente les dysfonctionnements, prise de conscience des problématiques de l’usage ; amélioration de la relation usagers / bâtiment : confiance, meilleure compréhension, nouveau cadre opérationnel ; gestionnaires impliqués et autonomes ; potentialité de réplication.
Un pas de côté : du maître d’œuvre, en intégrant les « experts d’usage » (les usagers à à la conception, en organisant la relation bâtiment-usager à la livraison ; pas de côté du maître d’ouvrage en prenant conscience du temps d’adaptation nécessaire, en étant accompagné pour accompagner l’usage.
Regard renouvelé sur la relation bâtiment-usager : miser sur l’ergonomie pour favoriser la relation bâtiment-usager ; nécessité de vivre, d’expérimenter, de construire un vécu en lien avec le bâtiment.

MOTS CLÉS : retour d’expérience, accompagnement des usagers, double flux relationnel, appropriation des usagers, expertise d’usage.


Plateformes de la rénovation énergétique de l’habitat en région Provence-Alpes-Côte d’Azur : de l’expérimentation Rénover + à l’accompagnement des territoires candidats à l’AMI de l’ADEME.

Viviane HAMON (Viviane Hamon Conseil)

Lors des 1ères journées internationales de sociologie de l’énergie, notre communication avait pour objet de présenter un projet d’expérimentation de deux plateformes de la rénovation énergétique de l’habitat en région PACA : Rénover + à Fréjus et Rénover + en Pays dignois. Cette expérimentation qui a duré deux ans arrive à terme, alors que l’ADEME vient de lancer un appel à manifestation d’intérêt pour la généralisation de telles plateformes.
L’évaluation des deux expérimentations locales permet de revenir sur le rôle des collectivités locales et de leurs partenaires de la sphère publique (CMA, E.I.E., ANAH et ses opérateurs…) dans une animation territoriale visant à dynamiser le marché ainsi que les acteurs privés autant du côté de la demande des particuliers que de l’offre des entreprises artisanales.
Fortes de cette évaluation et alors que onze territoires ont manifesté leur intérêt en région PACA, la Région, l’ADEME et la DREAL ont développé une « doctrine » à propos des plateformes de la rénovation énergétique qui se démarque assez sensiblement du paradigme sous-jacent à l’appel à manifestation d’intérêt national basé sur « l’accompagnement personnalisé neutre et indépendant des particuliers ».
La position défendue en PACA propose : un positionnement basé prioritairement sur les « travaux embarqués » auxquels peut s’ajouter un « plus » énergétique ; le principe d’une activation du marché s’appuyant sur tous les acteurs, publics ou privés, susceptibles d’agir sur le passage à l’acte des particuliers et en mesure de prescrire la prise en compte de l’énergie ; une approche segmentée du marché, côté offre comme côté demande, et donc un principe de marketing différencié avec une offre de services adaptée à chaque cible ; la nécessité de prévoir une animation de terrain dense et de mettre, au plan local, des moyens ad hoc en termes de ressources humaines plutôt qu’en aides aux travaux ; une communication non culpabilisante et non centrée sur les aides financières.
Sur cette base, une feuille de route méthodologique a été proposée aux territoires en appui au développement de leur candidature détaillée. L’injonction faite aux plateformes d’atteindre l’autonomie financière à terme suppose de vérifier l’existence d’un marché, d’un intérêt pour l’offre de services proposée, voire un consentement à payer le service (particuliers, entreprises ou autres acteurs économiques impliqués). Cette feuille de route propose donc de concevoir les projets de plateformes sur la base d’un raisonnement de marketing stratégique et opérationnel (ciblage, positionnement, offre de services, plan d’affaire) et constitue une approche totalement nouvelle pour des collectivités territoriales habituées à penser leurs politiques publiques dans une logique d’offre plus que de demande.
L’accompagnement prévu auprès des territoires candidats doit permettre à la fois de favoriser cette nécessaire (r)évolution culturelle et d’envisager les actions qui devront être mutualisées à l’échelle régionale, tout en permettant aux projets de se développer en adéquation avec les spécificités locales de chaque territoire candidat.

MOTS CLÉS : rénovation énergétique, plateformes de la rénovation, demande, entreprises artisanales, politiques publiques.


Vers un kamasutra de l’énergéticien.

Pascal LENORMAND (Bureau d’études collaboratif Incub’)
Marion BOURGET (Bureau d’études collaboratif Incub’)
Fabien MORE (Bureau d’études collaboratif Incub’)

Parmi les acteurs de l’industrie du bâtiment, les ingénieurs de bureau d’étude thermique ont traditionnellement fait reposer leur pratique sur une série de principes ou hypothèses que la généralisation des bâtiments à haute performance énergétique remet aujourd’hui en question. On peut citer parmi ces éléments fondateurs :
- l’oblitération des incertitudes proprement humaines dans les approches calculatoires ;
- la distanciation à l’objet technique « bâtiment », typique d’une approche scientifique newtonienne ;
- un souci du détail technique, laissant souvent de côté la vision globale ;
- la croyance en un « parfait achèvement » du bâtiment à sa livraison.
Ces éléments, parmi d’autres, témoignent en réalité d’une vraie difficulté à faire entrer la réalité vivante du monde dans les pratiques techniques.
Cela se manifeste tout particulièrement :
- dans les phases de conception, où la prise en compte du paramètre humain (usages typiques, dérives probables, etc.) imposerait au concepteur de se projeter lui-même, en tant qu’être humain, dans l’objet conçu ;
- lors des premières années de vie du bâtiment, où la vie reprend ses droits sur un objet technique jusque-là théorique. L’atteinte d’une réelle performance demande des capacités particulières d’écoute de l’usager encore inhabituelles, voire impensées.

MOTS CLÉS : énergéticien, thermique, humanisme, expertise.


Les copropriétaires à l’épreuve de la transition énergétique.

Pierre OLIVIER (Cabinet de conseil COPRO+)
Cécile BARNASSON (Cabinet de conseil COPRO+)

Parmi les gisements d‘économies énergétiques, le bâtiment est un domaine dans lequel il est le plus facile d’agir. Pourtant, dans le secteur de l’habitat collectif privé, en France, les résultats ne sont pas à la hauteur des efforts colossaux de la personne publique, cocktail de perfusions massives et de contraintes Grenelle inefficientes par défaut de copro-compatibilité.
Notre double compétence de praticiens de terrain et de chercheurs en SHS nous permet d’identifier les causes de cet échec programmé et de proposer des remèdes.
En fait, avant d’être un bâtiment, une copropriété est un phénomène sociétal. C’est une structure atypique dans laquelle le seul lien réunissant les associés est la possession d’un bien à une même adresse. Leurs situations et leurs objectifs sont très disparates. Dans ce système de gouvernance où le droit individuel prime sur le collectif, ils sont pourtant censés décider en même temps d’investir conjointement, alors que le concept d’investissement n’existe pas dans la comptabilité. La transition énergétique est ainsi piégée, elle réclame de grands travaux dont le cycle de rentabilité excède largement celui de la durée moyenne de possession des biens. L’inertie reste la principale « force » des copropriétés.
Nous proposons d’analyser en détail cette situation et de présenter nos axes de recherche visant à dynamiser le secteur, en facilitant les décisions collectives :
- Transition juridique bien au-delà des premières avancées de la loi ALUR,
- Changement de comportement des copropriétaires par l’émergence de la notion de patrimoine commun et de ses exigences, à travers une information pertinente, accessible à chaque acteur.

MOTS CLÉS : copropriété, gouvernance, patrimoine, sociétal, copro-compatibilité.