HABITER UN BÂTIMENT PERFORMANT (USAGES) (Atelier)


AXE BÂTIMENTS ET MODE D’HABITER

Les conditions sociales et organisationnelles d’une performance énergétique in vivo dans les bâtiments neufs.

Gaëtan BRISEPIERRE (Sociologue indépendant/ GBS)

Dans le secteur du bâtiment, les pouvoirs publics ont choisi de généraliser les bâtiments basse-consommations (BBC) via une réglementation dans la construction neuve (RT2012). Cette politique repose sur l’hypothèse que l’efficacité technique poussée à son paroxysme suffira pour générer une baisse substantielle des consommations d’énergie. Or les premiers retours d’expérience ont montré l’existence de « surconsommations » dans ce type de bâtiment et certains discours experts laissent entendre que la responsabilité en incombe aux habitants qui n’adopteraient pas les « bons comportements ».
Cette communication vise à poser les bases d’une approche sociologique de la performance énergétique, dite in vivo, c’est-à-dire qui tienne compte des pratiques des acteurs en situation et pas seulement de calculs théoriques (in vitro). Elle repose sur trois enquêtes de terrain réalisées sur des bâtiments « prototypes » expérimentant différentes normes de performance (BBC, passif, positif) pour plusieurs types de bâtiment (collectif, individuel, tertiaire). Ces prototypes ont préfiguré de quelques années l’arrivée de la réglementation ce qui permet de disposer des mesures de consommation et du vécu des acteurs. L’approche sociologique consiste à confronter les choix des concepteurs, avec l’observation des usages des occupants et des modes de gestion et d’exploitation.
Nous commencerons par revenir brièvement sur les différentes étapes de la production de ces BBC pionniers, ce qui permettra d’expliciter la spécificité de ces terrains. Puis nous présenterons les profils des occupants afin de faire apparaitre la diversité de leurs attitudes vis-à-vis des technologies du BBC. Ensuite nous analyserons en détail les pratiques liées aux différents postes de consommation d’énergie (chauffage, confort d’été, eau chaude, électricité spécifique) en rapport avec les choix techniques des concepteurs. Ces observations mettent en lumière les décalages avec les hypothèses initiales mais aussi les tactiques inventées par les habitants, pour gérer à la fois le confort et la consommation (effet rebond).
Enfin, nous montrerons que les marges de manœuvre de réduction des écarts à la performance et amélioration de la qualité de vie, ne sont pas accessibles par une seule sensibilisation aux « bons gestes ». Elles se situent dans de nouvelles formes de gouvernance des bâtiments qui incitent à la participation des occupants avec la coopération des professionnels. L’accompagnement minimal à la livraison est complété par une dynamique d’expérimentation partagée. La cogestion informelle du chauffage collectif avec les habitants permet de trouver une température d’équilibre et d’optimiser la maintenance aussi bien en termes de coût que de qualité. Le partage des données de consommation peut alimenter une dynamique de réflexivité énergétique à condition d’éviter ses écueils.

MOTS CLÉS : bâtiment, performance énergétique, BBC, usages, accompagnement.


Vivre dans des logements labellisés BBC-Effinergie® : une analyse socio-éco-technique.

Jean CARASSUS (École des Ponts ParisTech)
Chantal LAUMONIER (sociologue indépendante)
Bernard SESOLIS (Tribu Energie)
Damien JANVIER (Tribu Energie)
Rémi WRONA (Tribu Energie)

Cette étude analyse de façon qualitative 6 résidences parmi les premières labélisées BBC. L’analyse a été réalisée en croisant trois dimensions :
- Sociologique : interviews approfondies de 3 ménages dans chacune des 6 résidences
- Économique : étude des coûts d’investissement et d’utilisation
- Technique : analyse des choix techniques, calcul des consommations conventionnelles, mesures des consommations réelles et du confort, rapprochements des deux.
Ces résidences ne présentent aucun dysfonctionnement significatif.
Des dispersions importantes ont été décelées. Les consommations réelles peuvent être supérieures ou inférieures aux conventions BBC. Certaines consommations tous usages sont inférieures à celles qu’exige le label allemand PassivHaus
Les consommations n’atteignant pas la convention BBC restent néanmoins très économes.
Un nombre important de ménages ont des consommations supérieures aux conventions BBC, parfois pour des raisons techniques mais le plus souvent pour des raisons comportementales. Avec un calcul de consommation par personne au lieu de consommation par m², les résultats s’inversent.
Les mesures de températures et d’hygrométrie en été montrent que la majorité des opérations offrent un confort satisfaisant. Cependant, les professionnels doivent veiller particulièrement dans le Sud de la France au confort d’été, en ce qui concerne l’immeuble et le conseil aux habitants.
Après une période d’« apprentissage », la maîtrise des coûts d’investissement s’est améliorée grâce à des choix technico-économiques mieux équilibrés.
Le choix des solutions doit se porter prioritairement vers des techniques simples et robustes.
Six principaux facteurs comportementaux déterminent les consommations : le nombre de personnes, la durée d’occupation, le niveau d’équipement électro-ménager et informatique, le choix de la température, les habitudes d’aération, la maîtrise des équipements de chauffage et de ventilation.
Les ressentis sont globalement bons. Les occupants peuvent être classés en trois catégories : ceux qui connaissent le BBC et tentent de l’optimiser, ceux qui ne connaissent pas bien le BBC et l’utilisent comme un logement usuel et ceux qui pratiquent « l’effet rebond » en augmentant leur confort à moindre coût.
Les professionnels sous-estiment l’importance de l’information et de l’apprentissage des occupants.

MOTS CLÉS : consommations réelles, confort réel, écarts réel/conventionnel, vécus et comportements, impacts des occupants sur les performances.


Évolution des pratiques de consommation énergétique des locataires de logements sociaux récemment réhabilités dans la Région Nord-Pas-de-Calais.

Maya LECLERCQ (AnthropoLinks)

Dans le cadre d’un projet réalisé pour des bailleurs sociaux de la région Nord-Pas-de-Calais, notre équipe est chargée de mener une enquête sociologique auprès d’une centaine de ménages dont le logement a été récemment réhabilité énergétiquement. L’enquête sociologique auprès des locataires consiste à recueillir par des entretiens un ensemble d’informations quantitatives et qualitatives sur leur usage des logements, en étroite relation avec la campagne de mesures ou avec les constats issus de l’analyse des charges.
L’enquête et l’analyse sont en cours, mais les premiers résultats montrent quelques tendances nettement marquées : si la plupart des locataires nous expliquent avoir spontanément adopté des pratiques réduisant leur consommation énergétique afin de réduire leurs dépenses au cours des dernières années, très peu ont adopté de nouvelles pratiques suite à la réhabilitation de leur logement (ITE, changement des menuiseries et parfois du mode de chauffage). L’analyse des charges montre ainsi que les réductions de charges facturées aux locataires liées à la consommation énergétique sont en dessous des résultats escomptés lors des estimations avant travaux. Ce premier résultat pose notamment la question de l’accompagnement des locataires et de la sensibilisation lors des travaux de réhabilitation énergétique.

MOTS CLÉS : énergie, précarité, consommation, MDE, analyse des charges.


Habiter une maison « performante » énergétiquement : vers la construction d’une « expertise habitante » ? Choix et appropriations d’innovations techniques en regard des modes de vie.

Marie MANGOLD (Université de Strasbourg/SAGE)

Le logement « durable », tel qu’il prend forme à travers les programmes immobiliers actuels, témoigne d’une intégration socio-politique d’enjeux énergétiques traduits dans la production de réglementations thermiques et une injonction à la sobriété énergétique des bâtiments. Devenus de réels arguments de vente ou d’investissement, ces critères de performance irriguent une offre de logements « éco-performants » par les constructeurs et architectes, en regard de laquelle les habitants sont amenés à réaliser des choix entre différentes innovations techniques formant un ensemble complexe produit au sein d’« espaces de normalisation technique » (Cauchard, 2013). Un « apprentissage à « bien habiter » son logement » (Roudil, 2014), à inscrire au sein d’un « néo-hygiénisme » (Tozzi, 2013), impacte alors directement l’habitant dans la relation à son logement, en contradiction avec l’intimité du « chez-soi ». Les habitants ne sont plus incités à une attitude « passive » (Zélem, 2010) dans leur rapport à l’énergie, et dépassant le transfert de savoirs technocentrés produits par les experts, ils s’approprient de manière différenciée les innovations techniques, en lien avec leurs représentations (ex : autorégulation de l’air vs. air extérieur « sain »). Ils mettent ainsi en pratique leur propre « savoir habiter ». Nous présenterons d’abord un cadrage des évolutions du secteur de la construction résidentielle en lien avec la performance énergétique du bâti, et l’offre d’innovations techniques proposée aux habitants. Puis, nous focaliserons dans une seconde partie sur les appropriations de ces innovations, pour conclure sur les choix d’habitat selon différents registres de justification, dont la performance énergétique ne constitue qu’un élément. Nous nous appuierons sur notre enquête de terrain en cours, d’ordre qualitative, retenant pour terrain l’Alsace et fondée sur différents types de matériaux : de nombreuses observations participantes, documentation sur les projets immobiliers, ainsi que cinquante-six entretiens dont douze avec des constructeurs et quinze entretiens approfondis avec des acquéreurs de logements « éco-construits ».

MOTS CLÉS : innovation technique, performance énergétique, logement durable, modes de vie, processus de normalisation.


L’occupant au cœur de la pérennité de la performance énergétique des bâtiments.

Lauranne MARCEL (Cerema)
Bruno SABATIER (Cerema)

PREBAT est un important programme national finançant diverses opérations économe en énergie, dont le Cerema évalue les performances énergétiques. En complément de campagnes de mesures (relevés de données), un questionnaire a été élaboré, passé aux occupants et traité, pour que la connaissance de l’usage des bâtiments économes en énergie d’une part facilite l’interprétation des données sur les performances techniques des bâtiments et des équipements (chauffage, production d’énergie, ventilation) ; et d’autre part permette de proposer des améliorations (conception, relation avec les artisans, la pédagogie d’usage).
Ces entretiens avec des occupants de bâtiments économes en énergie ont mis en évidence le fait que bien souvent les conditions d’occupation diffèrent sensiblement de ce qui était prévu lors de la conception : températures de consignes, gestion du confort d’été, entretien des équipements, etc.
Nous avons alors conduit des entretiens plus approfondis avec les occupants, questionnaires qualitatifs à l’appui, afin de comprendre les différents freins et vecteurs de bonnes pratiques permettant d’obtenir et maintenir dans le temps les meilleures performances possibles du bâtiment. Nous en avons tiré des enseignements permettant de prendre en compte l’usage dès la phase de conception, afin que le bâtiment soit mieux adapté aux occupants. Il en ressort plusieurs exigences, notamment trouver des solutions à la difficulté de prise en main des équipements techniques, faciliter la maintenance (aussi bien pour l’occupant que le propriétaire) ou encore développer une pédagogie concernant la gestion quotidienne des ouvertures.

MOTS CLÉS : performance énergétique, qualité d’usage, occupant, confort, bâtiment.


Enquête et définition de profils comportementaux de la consommation d’énergie des ménages dans les maisons urbaines wallonnes.

Stéphane MONFILS (Université de Liege, Belgique)
Jean-Marie HAUGLUSTAINE (Université de Liege, Belgique)

Parmi d’autres réglementations, la politique européenne visant la réduction de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre a imposé, dans sa Directive 2002/91/CE, la certification de tout bâtiment vendu ou loué, témoignant de sa consommation d’énergie et de sa performance. Ce Certificat PEB, calculé par une approche standardisée qui extrait délibérément (de manière compréhensible) le facteur humain des équations, vise à influencer le marché de l’immobilier en introduisant l’efficacité énergétique comme critère de décision dans la recherche d’un logement et en incitant aux investissements économiseurs d’énergie.
Cependant, afin d’atteindre ces objectifs, le facteur humain devient crucial : d’un côté, les solutions efficaces (en ce qui concerne le transport, la consommation d’énergie dans les bâtiments, la gestion de l’eau et des déchets…) doivent être mises en œuvre par une autorité décisionnaire intelligente qui comprend la complexité du contexte urbain et son impact sur l’environnement. D’un autre côté, ces solutions ne pourront être efficaces que si les utilisateurs sont conscients de leur consommation d’énergie et de leur impact sur l’environnement. Dans ce contexte, les résultats du certificat sous leur forme actuelle n’aident pas à conscientiser le public : souvent distants de la réalité, surestimant la consommation, ils sont généralement incompris et le document, mal ou non exploité.
Cette étude vise l’analyse des comportements liés à la consommation d’énergie résidentielle dans les ménages wallons, en vue de définir un certain nombre de profils comportementaux qui seront intégrés à la méthode de calcul réglementaire. Plus précisément, la population cible est composée de propriétaires de maisons urbains wallonnes dont la performance énergétique a été analysée par une méthode de calcul théorique tel que celle utilisée pour établir le certificat, afin de permettre l’analyse des données et la comparaison des résultats avec la consommation réelle.
L’objectif de cette étude est la création d’un certificat « sur mesure » complémentaire, la collection de données sur la consommation d’énergie du parc de logements existants, ou encore la création de bases de données fondamentales pour la mise en place de stratégies au niveau urbain, régional ou national.

MOTS CLÉS : enquête, comportement, consommation, énergie, certification.


Habiter un logement performant : à (en) quoi l’habitant doit-il s’adapter ? Cas d’études à Lyon-Confluence et Greenwich Millennium Village.

Ludovic MORAND (EHESS Marseille/Centre Norbert Elias)

Dans cette communication, nous souhaiterions présenter des résultats issus d’une recherche doctorale en cours sur les rapports que des habitants de quartiers durables, en France et en Angleterre, entretiennent avec ces espaces. Nous souhaiterions notamment éclairer certains aspects du rapport au logement et à l’énergie qui s’établit entre ces habitants et des bâtiments conçus pour être performants énergétiquement.
Le bâtiment performant tend à s’imposer comme une « innovation de rupture ». A ce titre, il crée inévitablement des difficultés d’appropriation qui amoindrissent autant ses performances qu’elles stimulent une intense mobilisation des sciences sociales pour tenter d’y apporter des réponses, si ce n’est des solutions.
L’impact accru que les usages ont sur les consommations dans un logement performant, jumelé aux objectifs du « facteur 4 », génère des attentes sans précédent de la part des institutions envers les usagers. A différents égards, nombre d’études engagées sur ce terrain traduisent dans leurs analyses le poids de ces attentes, en reprenant à leur compte un type de problématisation centré sur des objectifs généraux en termes de performance et de niveau de consommation.
Dans cette perspective, leurs résultats permettent de rendre compte finement des « décalages » ou des « écarts » par rapport à une norme définie en amont, qu’il s’agisse de la mise en évidence des freins et des leviers du changement, de l’évaluation de l’ « acceptabilité sociale », ou encore des phénomènes de résistances, scepticisme et détournements d’usage qui jalonnent l’itinéraire social d’une innovation. En contrepartie, la focalisation sur ce non-alignement prévisible entre des pratiques et des objectifs orientés par des logiques différentes distille une représentation du rapport au logement performant de nature conflictuelle, de l’ordre de l’inadaptation.
Sur la base de nos propres observations, nous souhaiterions montrer en quoi ce postulat de l’inadaptation apparait surévalué si on replace l’expérience de l’usager dans une économie plus large de l’habiter. En s’attachant moins au rapport à des dispositifs ciblés (ventilation double-flux, plancher chauffant, etc.) et davantage aux modes de vie qui s’y déploient, l’analyse montre que cette représentation prévaut avant tout si on la rapporte aux objectifs précités. En dehors des cas de dysfonctionnements techniques, dus en particulier à des phases de rodage ou à des malfaçons, le niveau de confort des logements est en effet globalement évalué de façon très positive. Les « contraintes » associées au bâtiment performant passent pour l’essentiel inaperçues ou se traduisent plutôt comme des préconisations. En contrepoint, on assiste à un phénomène d’inversion paradoxal entre niveau de sensibilisation et pratiques. Alors que le contexte « quartier durable » accroît la perception des enjeux environnementaux par les habitants, l’autonomisation des systèmes techniques et la faiblesse des consommations invitent à un relâchement de la vigilance envers leurs consommations. On assiste alors à un transfert de la responsabilité individuelle vers la technique, là où la raison technicienne chercherait au contraire à la renforcer.

MOTS CLÉS : quartiers durables, modes de vie, appropriation, bâtiment performant, usages.


L’habitat performant énergétiquement face aux savoir-faire et savoir-vivre en usage : le risque de contre-productivité des innovations techniques environnementales.

Vincent RENAULD-GIARD (CTSB ; CEC)

La tentative actuelle de généralisation de l’habitat performant énergétiquement, imposée par les réglementations thermiques et encouragée par la fiscalité verte, implique des transformations techniques majeures dans le monde de la construction. Ces transformations concernent aussi bien l’enveloppe du bâtiment (isolation par l’extérieur, étanchéité à l’air, ventilation double-flux, etc.), les systèmes de chauffage (ECS Solaire), voire le développement d’éco-techniques dans les logements (sols écologiques, interrupteurs coupeurs de veille, etc.). Or un écueil majeur est apparu dans cette dynamique : certaines de ces évolutions technologiques, soutenues idéologiquement par le monde de l’ingénierie environnementale, nécessitent des pratiques professionnelles et habitantes largement décalées des savoir-faire et savoir-vivre en usage.
C’est la raison pour laquelle des enquêtes de terrain font état d’une myriade de problèmes d’usage, que ce soit dans les phases de mise en œuvre, de maintenance ou d’appropriation par les habitants. Ces problèmes ont comme principale conséquence de multiplier les dysfonctionnements techniques, et par là même de contredire les promesses initiales des dispositifs, à la fois en matière d’efficacité énergétique et de pertinence économique. C’est la raison pour laquelle les innovations techniques environnementales, passé un certain seuil de décalage avec les pratiques sociales en usage, non seulement reproduiraient ce que le philosophe Stigler appelle la « prolétarisation des savoirs », mais se révèleraient aussi « contre-productive » au regard des intentions initiales affichées par ses promoteurs.

MOTS CLÉS : bâtiment vert, innovation technique, usages, savoirs, contre-productivité.


Les premiers pas des bâtiments à énergie positive dans le logement social. Retour d’expérience sur la réception des logements par les locataires.

Thibault VACHER (Université de Toulouse Jean Jaurès / CERTOP)

La société française s’est développée selon un modèle énergivore notamment à travers ses modes de déplacement, d’habitat et de consommation. Face à la menace des changements climatiques, la réduction des émissions de gaz à effets de serre (GES) est une des priorités de l’action publique. Un objectif de réduction des émissions de GES a été défini par le récent projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte. Il s’agit de les réduire de 40% d’ici 2030. Atteindre cet objectif passe en partie par une réduction des consommations d’énergie. Dans cette optique et avec 43% de l’énergie finale consommée, le secteur du bâtiment apparaît comme une priorité pour réaliser des économies d’énergie.
Depuis le 1er janvier 2013, la réglementation thermique 2012 (RT 2012) s’impose comme un des instruments des politiques publiques d’efficacité énergétique. Les constructions neuves doivent être « basse consommation » (BBC) et respecter des obligations réglementaires liées à leurs performances énergétiques. A partir de 2020, un nouvel instrument réglementaire (RT 2020) imposera que toutes les constructions neuves soient à énergie positive (BEPOS), c’est à dire que les bâtiments soient censés produire plus d’énergie qu’ils n’en consomment.
Dans le secteur du logement social, les enjeux politiques, économiques, sociaux et environnementaux liés à la consommation d’énergie ont conduit les bailleurs à s’engager massivement dans des projets de construction de logements BBC et parfois BEPOS. Cependant, ces nouveaux logements atteignent rarement les niveaux de performance énergétique escomptés. Les consommations d’énergie en situation d’usage sont régulièrement plus importantes que les exigences réglementaires. Les comportements des ménages sont mis en cause pour expliquer les surconsommations mesurées. Face à cette hypothèse, les bailleurs sociaux ont recours à des dispositifs d’accompagnement. Il s’agit d’opérations qui ambitionnent de changer les comportements de consommation d’énergie en informant, sensibilisant et en incitant les ménages dans une optique de réduction des consommations d’énergie et de maîtrise des charges.
Cette proposition de communication s’inscrit dans le cadre d’une thèse qui s’appuie notamment sur deux terrains situés en région Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Il s’agit de deux opérations de constructions neuves de logements sociaux à énergie positive, lauréates d’appels à projets régionaux. Au total, 57 logements, individuels et collectifs, ont été livrés au 4ème trimestre 2013. Quelques mois après l’arrivée des premiers locataires, nous avons réalisé une enquête sociologique basée sur des observations et des entretiens semi-directifs. Nous nous sommes rendus au domicile d’une trentaine de ménages et notre méthodologie prévoit de les rencontrer à nouveau au bout d’un an d’occupation.
Il s’agit donc de proposer un retour d’expérience sur la réception de ces logements par les ménages. Nous nous appuierons notamment sur les ressentis, perceptions et représentations des locataires et nous montrerons les décalages qui s’opèrent entre les effets d’annonces émanant des bailleurs sociaux et la réalité vécue par les locataires.

MOTS CLÉS : Réglementation thermique, bâtiment à énergie positive, logement social, consommation d’énergie, dispositif d’accompagnement.